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Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

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vendredi 11 janvier 2013

Petit conte d'hiver (conte)




Il neige sur le rebord de la fenêtre, et déjà je les vois approcher. Ils suivent l’allée, cortège silencieux, enveloppés dans leur grande blouse blanche qui se confond avec la ligne du crépuscule. Pour l’instant, ils se contentent de jeter un regard entendu sur mon lit, les doigts tapotant contre la vitre. Ils s’entretiennent par signes, leur langue est froide et immobile. Sous leurs semelles, le coton crisse, accompagnement discordant de l’horloge de ma tempe.
J’ai mal. Tout à l’heure, à l’endroit où je gis, il y aura un linceul, lissé par des mains indifférentes : ici, je ne fréquente personne, malgré ma jeunesse. Mes amis sont loin. Ma famille est plus loin encore. La honte m’a fait partir sans rien dire. Ils me croient sans doute déjà mort. Je l’espère : leur douleur sera passée.
Et Lidia ? M’a-t-elle devancée dans le néant ? Vite que la fin vienne pour que j’échappe à la morsure du remords !
Comment pouvais-je savoir qu’elle serait la victime de tout ce qu’elle a fait disparaître chez moi ? Ma vie dissolue, volatilisée dès qu’elle posa les yeux sur moi, aura eu raison d’elle : la maladie honteuse toucha la blanche colombe… et moi, dans ma noirceur de maudit, j’ai fui en silence au milieu de la nuit quand j’ai su que j’étais condamné, et elle aussi certainement !
Les ombres blanches dansent dans le jardin. C’est l’heure, c’est l’heure !

*

Entre deux flacons patinés par le temps, la vieille Macha pile quelques graines dans une terrine ébréchée.
— Grand-mère, le monsieur est mort ! Crie un gamin au seuil de la porte, avant de disparaître dans un claquement de lapti.
La vieille continue à piler ses graines, sans sourciller. Puis, elle essuie ses grosses mains rouges sur son tablier, tire une feuille de papier crasseux du tiroir du buffet, et écrit d’une patte maladroite de paysanne mal lettrée :
« Mademoiselle Lidia, grâce à Dieu, la potion a fait merveille : c’est fini ! Que le Seigneur tout-puissant vous protège.
Votre toujours dévouée Macha. »