Bienvenue !


Amis lecteurs, je vous souhaite une agréable visite sur ce blog.
Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

Si vous êtes éditeur, je vous invite à visiter ma page de projets pour les enfants et ma page de projets pour les adultes.

Si vous êtes illustrateur et qu'une petite histoire plus ou moins vraie vous inspire un dessin, je serai heureuse de le mettre en ligne avec une présentation de vous sur ma page dédiée aux beaux crayons. Vous pouvez proposer une illustration pour n'importe quel texte.

mercredi 25 juillet 2012

Sac à puces (nouvelle)


Jacques a dit que dans la vie, on doit toujours se faire plaisir. Ce n’est qu’un chien, mais c’est mon meilleur ami et comme il vit avec moi, il sait ce qu’il me faut. Pour Noël, j’ai donc décidé de me faire plaisir.
Je rêve d’évasion. De la fenêtre de la salle de repos, si j’écrase bien mon nez sur la vitre, j’aperçois le coin de la rue. Le carrefour, la boîte aux lettres. A Noël, c’est là que je veux aller. Je veux poster moi-même une lettre à Jacques. Ce sera une surprise pour lui. La surprise, ce sera le timbre, parce que les lettres, je lui en écris tous les jours. Seulement, quand je demande à Félicitée quelques timbres, elle rétorque : « Mon travail ici, c’est la distribution des bonbons ». Trois bonbons verts à 8 heures, deux bonbons bleus à 20 heures. Il ne faut rien en attendre de plus. Quant à Josiane, elle ne vient pas très souvent, et elle refuse de voir les lettres que je lui pose sur la table pour qu’elle les poste ! Il paraît que c’est ainsi que sont les sœurs… Mes lettres ne sont donc jamais envoyées : le soir, avant la distribution des bonbons, je les ouvre et je les lis directement à Jacques.

Voici le 24 décembre ! Ce soir, je pars en voyage ! Je mets mes chaussures et mon manteau de laine. Dehors, la neige a étendu un grand tapis sous les fenêtres pour étouffer mes pas, mais c’est inutile, je ne crains pas qu’on m’entende : tout le monde est occupé dans la salle à manger. Viens, Jacques ! On grimpe sur la petite table de ma chambre, on atteint la fenêtre. Les barreaux ? Un jeu d’enfant ! Ils sont descellés depuis longtemps… Saute, mon vieil ami !
J’ai oublié de passer un pantalon chaud. Mon pyjama est criblé de petits flocons glacés. Que c’est beau ! J’ouvre la bouche pour boire le ciel qui tombe tout blanc et doux. Que c’est bon ! Champagne pour Jacques ! Je cours, je glisse, je ris… Liberté ! Vingt mètres jusqu’à la boîte aux lettres : cours, Jacques, cours ! Je crois sentir son haleine chaude et saccadée sur mes talons.
Nous y sommes ! Cette boîte jaune, coiffée de sucre scintillant, n’attend que ma lettre. Ne regarde pas, Jacques, c’est une surprise ! Je tourne sur moi-même, mais rien n’y fait : ses deux yeux restent fixés sur ma main. Je virevolte donc en fermant les yeux. Et j’entends la lettre qui glisse, glisse, puis qui tombe au fond de la boîte avec un bruit tellement incroyable que j’en perds l’équilibre ! Après, c’est le trou noir.

- Jacques, dormez-vous ?
Dans un brouillard blanc, Félicitée me regarde d’un œil inquiet. Allongé sur mon lit, je tâte la bosse sur mon front et me souviens de tout : je virevolte sur la chaussée, une voiture glisse, glisse, me renverse. Renverse le pauvre Jacques.
Jacques a dit que quand les meilleurs amis meurent, ils vivent à jamais en nous. Je suis quand même triste. Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Vous saisissez, Docteur ?
Oubliez la virgule, et vous aurez tout compris, Jacques, m’a répondu le médecin.
Quelques jours après l’accident, Josiane m’a offert une boule de poils qui aboie tout le temps : comme ça, quand je rentrerai à la maison, je ne me sentirai plus seul. Je ne veux pas la froisser, mais j’ai autre chose à faire que de m’occuper d’un sac à puces. Enfin, pour l’instant, je suis tranquille : les chiens ne sont pas autorisés, ici.
  


Ce "texte de folie" a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Il est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux dessins. N'hésitez donc pas à me proposer une illustration ; je vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "beaux crayons" !

jeudi 19 juillet 2012

Voulez-vous jouer un peu avec votre imagination et la mienne ?

Chers lecteurs, je vous propose un jeu. Il vous suffit de lire la courte nouvelle "Une petite visite", publiée le 14 juillet, puis de raconter en une phrase ou deux, la suite que vous imaginez à l'histoire. S'il y a suffisamment de participants (au moins trois), j'écrirai une suite à la nouvelle sans reprendre aucune version proposée.
Si l'idée vous séduit, rendez-vous dans les commentaires sous la nouvelle à poursuivre ! Le jeu est ouvert jusqu'au 25 juillet.

samedi 14 juillet 2012

Une petite visite (nouvelle)


Rien ne semblait avoir réellement changé… Le portail était ouvert, le chemin de gravier serpentait dans un fouillis végétal et la porte de la maison n’était pas verrouillée. Dans le vestibule, la lumière s’alluma dès qu’Elisabeth posa le pied sur le seuil et à l’entrée du salon, le lierre tombant du linteau s’emmêla dans sa chevelure blonde. Elle fit deux pas et se trouva nez-à-nez avec José. Il avait la barbe rasée et le teint frais, et la toisait d’un regard immobile. Elle eut un mouvement de recul : c’est bien toi, José ? Devant son silence, une pensée effroyable lui traversa l’esprit.
— Bonjour, Elisabeth !
A l’autre bout de la pièce se tenait José, le vrai José, avec sa barbe hirsute et ses yeux pétillants.
— Un ami de Grévin a réalisé ma statue en cire pour se moquer de ma « lubie », comme il l’appelle.
Elle se mit à rire de soulagement : et dire qu’elle avait cru un instant qu’il s’agissait d’un clone !
— Je passais par là et j’étais curieuse de savoir où tu en étais…
Elle pensa très fort : … et si tu avais changé !
Il donna quelques nouvelles d’un ton posé : tout allait bien, la vie suivait son cours. Et elle ?
Une ombre passa devant la fenêtre. Une autruche dans le jardin ? Il sourit, amusé : c’était une pintade, sa dernière création. Une petite manipulation génétique lui avait permis d’atteindre un mètre cinquante. Elle était plutôt réussie, non ? Elisabeth haussa les épaules : s’il s’en tenait aux pintades… Et puis si cet oiseau était là, c’est que les dinosaures n’avaient pas encore colonisé le jardin, contrairement à ce que José imaginait quelques années auparavant, le nez dans ses fossiles.
— Un scientifique digne de ce nom n’abandonne jamais ses projets, lança-t-il sèchement, comme s’il l’avait entendu réfléchir.
Il sembla regretter son agressivité ; il tendit la main et caressa ses cheveux, mais elle le repoussa.
— J’étais juste de passage, José. Rien n’a changé.
Il plissa le front et fourra ses poings dans ses poches. Elle le reconnaissait bien : gentil garçon, méchant scientifique. Doux et attentionné quand il ne travaillait pas, amoral et dangereux quand il œuvrait au projet de sa vie : le clonage. M. Jekyll et Docteur Hyde ! Un jour, elle n’avait plus supporté cette dualité et elle était partie. Deux années avaient passé et à présent, elle comprenait plus clairement encore qu’elle devait abandonner José à ses délires scientifiques, cette fois-ci définitivement.
José ne tenta pas de la retenir : il savait que ce serait vain. Debout au milieu du salon, il entendit les pneus crisser sur le gravier et dépasser le portail. Il sortit dans le jardin, le cœur un peu brouillé. Derrière une solide barrière, la pintade couvait un œuf énorme. Finalement, la vie n’était pas si triste : il allait réaliser ses derniers rêves très prochainement. Et puis, il ne pouvait se permettre d’accorder un instant aux soucis d’ordre personnel : l’œuf allait éclore et il aurait besoin d’aide pour construire l’enclos à dinosaure.

Il descendit en sifflotant dans la cave. Tandis qu’il repoussait derrière lui la porte blindée, quatre ombres serviles s’approchèrent comme un seul homme et lui lancèrent le même regard de leur visage identique : son visage à lui.
— Au travail, mes agneaux ! Exulta-t-il, en tirant de sa poche un long cheveu d’or.



Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Ce texte est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux dessins. N'hésitez donc pas à me proposer une illustration ; je vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "beaux crayons" !

samedi 7 juillet 2012

Jeux (nouvelle)


Quand j’ai vu son ombre derrière les arbres du parc, massive et menaçante, j’ai commencé à comprendre.
Je me doutais bien que quelque chose clochait depuis quelques jours : tout le monde me faisait la tête au collège et les collègues avec qui je plaisantais devant le café du matin tournaient ostensiblement les talons dès que je passais la porte de la salle des professeurs. Cependant, quand on m’a proposé de jouer les gladiateurs dans une reconstitution historique présentée comme une coutume de fin d’année des enseignants, je ne me suis pas méfié. C’est une fois arrivé dans l’arène reconstituée au fond du parc que j’ai eu un pressentiment : Stéphane, Mumu, Patrice… tous les collègues étaient là et ricanaient en me regardant bizarrement. Et lorsque la silhouette d’Hervé a surgi de derrière les arbres, une sueur froide m’a parcouru l’échine. Cet adepte des arts martiaux, aux gestes assurés et d’une précision exceptionnelle, tenait dans son poing un fléau véritable ; son imposante cuirasse et son lourd bouclier semblaient décupler sa carrure d’athlète. Un casque cachait son visage, que j’imaginais crispé.
J’ai serré à la broyer la fourche que j’avais fabriquée la soirée précédente dans du carton d’emballage, puis j’ai réajusté la brade de bruyère qui me servait de jupe et j’ai tenté de prendre l’air le plus affable possible :
OK, Hervé, moi aussi je veux atteindre le top. Mais est-on obligé de faire ça dans une ambiance aussi délétère ?
Dans le public, on remua un peu. Hervé émit un grognement et leva le fléau… Médusé, j’entendis l’arme siffler au-dessus de ma tête.
Alors, Jeannot, tu n’as rien à nous dire ? Demanda une voix caverneuse derrière le casque.
J’entendis sa respiration profonde, tandis que je secouai une tête affolée avant d’esquiver une deuxième offensive.
Tu es sûr ?
A vrai dire, il y avait tellement de choses à dire que je ne savais par quoi commencer.
Le sel dans le café ?
Oui, j’avoue, c’était moi ! Une petite blague du matin, sans conséquence ! Hervé me poursuivit et j’évitai de justesse la lourde boule hérissée de pointes. Certes, tous les collègues étaient malades lors de la visite du ministre ce jour-là, mais comment aurais-je pu deviner ?
Le poil à gratter dans le pull de Stéphane ?
Ha oui, ça aussi, c’était moi ! Au moins, le cours d’anglais avait dû être amusant, pour une fois ! Le fléau siffla de nouveau près de mon oreille. Si on ne peut même plus plaisanter !
Les blattes américaines lâchées dans les toilettes ?
Une des plus grandes rigolades de l’année, non ? Rappelle-toi la tête de Mumu déboulant en hurlant en pleine réunion de parents ! Je baissai vivement le front et la masse piquante retomba dans le vide.
Et la lettre à l’inspecteur, vantant les effets hilarants de l’hélium sur les élèves du cours de physique ?
Patrice n’a eu qu’un blâme, que je sache ! Cette fois-ci, je m’enfuis de l’arène, sous les rires des collègues.
Si j’avais su que personne n’avait le sens de l’humour ici, j’aurais choisi un autre collège ! A présent, il faut absolument que je récupère le maillot de bain d’Hervé, sinon je suis un homme mort : j’en ai découpé le fond, et son cours de natation est prévu dans moins d’une heure...


Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Ce texte est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux dessins. N'hésitez donc pas à me proposer une illustration ; je vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "beaux crayons" !

dimanche 1 juillet 2012

Vacances (histoire de petites bêtes)


            — Ils ont fermé les portes et les fenêtres, et ils sont partis, annonce l’éphémère.
— Ce n’est pas grave : on n’est pas mal ici, dit le cloporte.
— C’est vrai, mais nous risquons de nous ennuyer, répond l’abeille.
— Oui, et les bêtes à deux pattes vont finir par nous manquer, ajoute le frelon. Elles étaient plutôt attachantes, à la longue.
— A la longue, et de loin ! Grommelle le virus, encore verdâtre après une cure forcée de médicaments.
— Si vous voulez rester ici, ce sera sans moi ; je ne vis pas d’amour et d’eau fraîche, déclare le moustique.
— Tu peux passer chez le voisin par la bouche d’aération, conseille la blatte. Ainsi, tu pourras revenir nous voir dès que tu veux.
— Vous voir faire quoi ? Se moque l’araignée. Vous comptez rester sagement assis les pattes croisées en attendant le retour de vos maîtres ?
— Qu’est-ce que tu comptes faire, toi ? Réplique la guêpe.
— J’ai des pulls et des chaussettes à tisser pour toute la famille. Après, je m’occuperai de la décoration intérieure de cette maison : c’est lugubre, ici.
— Nous aussi, on pourrait participer à la décoration intérieure de la maison, suggère le cherche-midi.
Ils réfléchissent en silence.
— Ce n’est pas une mauvaise idée, murmure pensivement la coccinelle.
— Oui ! S’exclame la drosophile. J’adore faire des traces sur le plafond !
— Si l’on veut réaliser quelque chose de beau, il faut travailler tous ensemble. Et préalablement, nous devons définir un projet artistique, explique le bourdon.
— Il faudrait des formes différentes…
— … et beaucoup de couleurs !
— Je peux dessiner des traits lumineux sur le mur plein sud, lance l’escargot.
— Et moi, apporter des graines et des miettes de la cuisine pour égayer la moquette du salon, propose la fourmi.
— Très bien ! Mais avant tout, descendons les tubes de peinture de l’étagère ! Décide la coccinelle. Je sens qu’on va bien s’amuser…




NdA : Amis lecteurs, je laisse de côté les petites bêtes mais ne vous abandonne pas. En juillet et en août, vous trouverez ici chaque semaine un petit texte pour adultes. Est-ce que mes histoires seront plus sérieuses ? Ha, ça...