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Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

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mercredi 12 février 2014

Grand amour



Il l’a regardée. Droit dans les yeux.
Il y a des signes qui ne trompent pas : elle a bien vu les perles sur ses tempes. C’est l’émotion. Il sait qu’elle l’observe. D’ailleurs, ils se sont retournés au même moment : lui vers la caméra, elle vers l’écran de sa télévision. Une telle concomitance ne peut être le fruit du hasard.
Elle irait le voir tout à l’heure, à la sortie du studio. Elle lui dirait simplement : c’est moi. Il la prendrait dans ses bras. Peu importe les caméras, les paparazzi. Elle deviendrait l’idole de la jeune génération, et de la vieille aussi. Sa célébrité dépasserait les frontières et on lui demanderait pourquoi elle est restée dans l’ombre aussi longtemps. Elle répondrait humblement : j’attendais le bon moment.

C’est le branle-bas : quels habits, quel maquillage choisir pour plaire à l’homme de sa vie ? Elle opte pour les paillettes : il les aime forcément, puisqu’il passe sa vie sur les plateaux de télévision ! Des paillettes sur les paupières, sur les lèvres, sur les joues, un pull de sequins irisés, une jupe étincelante…
C’est moi, la Lumineuse !

A dix-sept heures, elle l’attend à la sortie du studio. Elle n’est pas seule : des centaines de femmes sont attroupées, masse mouvante, haletante, trépignante.
Va-t-il venir ? Il paraît qu’il n’est pas là, aujourd’hui ! Mais si, on l’a vu en direct tout à l’heure ! Alors, il paraît qu’il est déjà parti !
Les rumeurs sont suspectes : tu dis ça pour qu’on s’en aille, pour rester seule avec lui !
On s’offusque : tu dis vraiment n’importe quoi !
Elle, elle n’a pas besoin de mensonges ou de subterfuges : aucune de ces femmes ne lui arrive à la cheville ! Elles peuvent bien rester, elle ne craint personne !

Le voilà ! Il y a un grand cri dans la foule : c’est lui ! Regarde moi ! Je t’aime depuis toujours !
La masse se heurte à la barrière de sécurité qui les isole, elle et lui.

Elle se fraie un chemin vers la barrière en écrasant des pieds. Une voix l’insulte : pousse-toi, la vieille !
Peu importe ! Elle hurle : c’est moi, je suis là !
Il tourne un peu la tête, esquisse un sourire avant de disparaître dans la voiture noire aux vitres teintées.

Il est parti en trombe.
Mais il m’a souri ! Il aurait voulu me prendre dans ses bras, mais comment faire avec cette barrière et toutes ces femmes féroces et rugissantes autour de moi ? Il veut me protéger de la jalousie des autres !
Un jour, c’est sûr, ils trouveront un moyen de se rencontrer seuls, à l’abri des regards et de la folie des femmes…

Elle rentre chez elle, le cœur en fête. Demain encore, elle sera à la sortie du studio pour guetter l’occasion, comme hier, avant-hier, et les autres jours depuis des mois.
Devant l’écran de télévision, elle sourit : il la regarde, c’est sûr !