Ils
sont assis côte à côte sur la banquette. Elle pose doucement sa main sur la
sienne.
Qu’est-ce
que ça peut faire qu’il ne parle plus, maintenant ?
Que
son regard passe à travers elle de plus en plus souvent ?
Elle
caresse sa main, trouve amusant de prendre le métro : il y a longtemps,
hein ?
Ho
oui… elle n’arrive même pas à compter les années. A l’époque, on leur cédait
déjà la place quand ils montaient dans la rame, mais il leur arrivait de
refuser avec le sourire.
C’est
ici qu’on descend. Prends mon bras. Il y a un escalator, puis quelques pas à
faire dans la rue. Tu vois, tout est simple. Entrons ! Tu aimes
l’entrée ? Je la trouve jolie, sobre. On va prendre un café ?
Au
restaurant de l’hôtel, le café est un peu trop chaud. Il en renverse sur son
pull. Elle rit :
Tu
te souviens ? Je te disputais souvent à cause de ça.
Ses
yeux à lui se promènent d’une chose à l’autre, s’arrêtent parfois sur elle,
parfois à travers elle. Il est serein. Elle aussi.
Ils
prennent l’ascenseur pour le quatrième étage. La chambre 408 est douillette. Le
grand lit a des draps blancs et occupe presque toute la pièce.
Elle
va à la fenêtre, l’ouvre, observe longuement le ciel de novembre :
Voilà
pourquoi nous sommes ici. Ça te plaît ?
Elle
l’aide à se coucher à côté d’elle. Tous les deux tournent la tête vers la
fenêtre ouverte : on a de la chance, il fait beau.
Je
me demande… je me demande…
Si
au-delà le ciel est aussi bleu ou si les couleurs se confondent,
si
l’on prend la matière des choses qui nous entourent
s’il
y a quelque chose ! le vide ou le silence…
si les
mots que je dis ont encore un sens…