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Amis lecteurs, je vous souhaite une agréable visite sur ce blog.
Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

Si vous êtes éditeur, je vous invite à visiter ma page de projets pour les enfants et ma page de projets pour les adultes.

Si vous êtes illustrateur et qu'une petite histoire plus ou moins vraie vous inspire un dessin, je serai heureuse de le mettre en ligne avec une présentation de vous sur ma page dédiée aux beaux crayons. Vous pouvez proposer une illustration pour n'importe quel texte.

samedi 23 juin 2012

Un rêve de sauterelle (histoire de petites bêtes)


— Qu’est-ce qui se passe ? Le texte n’apparaît plus à l’écran !
            Le cloporte reste immobile sur le clavier de l’ordinateur, bouche bée, puis bredouille :
— Je ne sais pas… J’ai juste voulu modifier le titre…
La sauterelle s’inquiète :
— Comment faire pour retrouver le texte ? On ne peut pas inventer une histoire de toutes pièces, l’animal à deux pattes s’apercevrait immédiatement qu’on écrit à sa place !
— Je ne sais pas…
La sauterelle s’impatiente :
— Tu ne te souviens pas de ce que racontait le texte ?
— Il parlait de grève à la RATP et il racontait qu'il fallait prendre la voiture ; après, il y avait un papillon sur la voiture….
— Ca ne veut rien dire !
— Je ne me rappelle pas bien… Peut-être s’agissait-il plutôt de rêve à la RATP, d’une voiture et d’un papillon sur la toiture ?
— La RATP ?
— Oui, ou quelque chose qui y ressemble.
— Cela doit être une abréviation. Voyons… R, comme…
— Rêverie ?
— Un rêve à la rêverie ? Non…Où peut-on rêver ?
— Dans une rose ?
— Des rêves à la rose ? Non, voyons… Où peut-on raconter un rêve ? Dans une revue ?
— Dans une revue ? Pourquoi raconter un rêve dans une revue ?
— Et pourquoi pas ? Imaginons un rêve raconté dans une revue qui parle de papillons…
— Pourquoi de papillons ?
— Parce qu’après, l’histoire parle d’un papillon !
— … et d’une voiture.
— Il y a le « p » de « papillons », dans RATP !
Le cloporte paraît dubitatif.
— Tu as une meilleure idée ? Réplique la sauterelle, sur la défensive.
— Pas vraiment.
— Donc imaginons que j’ai raison. A quoi correspondrait le « A » dans RATP ? Voyons… S’il s’agit d’une revue qui concerne les papillons et qui raconte leurs rêves, peut-être s’agit-il de la revue amoureuse des papillons…
Le cloporte ne dit rien.
— Tu penses que je suis subjective ?
— Je ne sais pas.
La sauterelle s’énerve.
— Tu ne m’aides pas ! Imaginons que j’ai raison. Trouvons ce qui se cache derrière le « T » de RATP.
— Trois ?
— Revue amoureuse des trois papillons ? Ca ne veut rien dire !
— Terribles ?
— Pourquoi, « terribles » ? Les papillons ne sont pas terribles ! Ils sont beaux, gentils, intelligents, extraordinaires, éblouissants, époustouflants, adorables… et quand ils sont amoureux, ils sont t…, t…
— Tristes ?
— Revue amoureuse des tristes papillons ? Non, cela ne sonne pas bien !
— Téméraires ?
— Mais non, ils ne sont pas téméraires ! Ils sont… j’y suis ! Ils sont timides ! Ils n’osent pas avouer leur flamme à l’élue de leur cœur. Ce sont de grands timides, de grandes âmes frissonnantes qui se cachent derrière le double rideau rouge et jaune de leurs ailes fébriles.
Le cloporte regarde avec intérêt la sauterelle, qui se défend :
— Tu ne peux pas savoir ! Tu ne le… les connais pas !
— Et la toiture ?
— Quelle toiture ?
— Celle de l’histoire ! Rappelle-toi : il y a des rêves à la RATP et un papillon sur la toiture.
— Bon sang ! Il s’agit d’un lieu de rendez-vous ! Débrouille-toi pour écrire seul le texte, j’ai quelque chose à faire !
Elle bondit avant que le cloporte ait pu dire ouf.
— Et la voiture ? Lui crie-t-il alors qu’elle atteint les escaliers qui montent au grenier. Il était aussi question d’une voiture…
— On s’en fiche, de la voiture ! C’est une histoire d’animal à deux pattes, sans queue ni tête, comme d’habitude !
Elle franchit les marches quatre par quatre, avise le velux du grenier, prend son élan, saute de toutes ses forces. Le cloporte entend un bruit mat et la voit retomber, assommée par le velux fermé.
Devant la fenêtre du rez-de-chaussée virevolte nonchalamment un papillon rouge et jaune ; il se pose sur une fleur, bombe le torse et joue au joli cœur devant une chenille un peu déconcertée.
— Je me disais bien que le papillon ne faisait plaisir à personne, dans l’histoire, marmonne le cloporte.

vendredi 15 juin 2012

Sirop (histoire de petites bêtes)


C’est l’effervescence sur la poutre. Le bourdon tape dans ses pattes avec impatience.
— Taisez-vous !
L’abeille, la guêpe et le frelon continuent à bourdonner nerveusement ; il est question d’un verre de sirop oublié sur la table de la cuisine.
— Si ça continue, crie le bourdon, je confisque le goûter !
Il désigne de l’aile un grain de sucre niché dans un trou de la poutre. Un silence pesant s’abat sur la pièce.
— Voilà qui est mieux ! On recommence ! J’ai dit qu’on attaquait en miel majeur. Concentrez-vous !
La chorale entonne un bourdonnement dissonant.
— Arrêtez ! J’ai dit « miel majeur » ! Vous avez de la cire dans les oreilles ou quoi !
Penauds, l’abeille, la guêpe et le frelon baissent la tête.
— C’est difficile de chanter en miel majeur, murmure timidement le frelon. On ne pourrait pas commencer par sucre ou sirop majeur ?
— Non ! S’écrie le bourdon en sautillant d’indignation.
— Même pas en sucre de canne majeur ? Suggère doucement l’abeille.
— Ou en sucre mineur ? Surenchérit la guêpe, pleine d’espoir.
— Non, non et non ! Qu’est-ce que c’est que cette chorale de voix cassées ! La musique se mérite ! Nous ne chantons pas de la va-ri-é-té ici, nous œuvrons pour l’ART ! Vous comprenez ?
Tout le monde hoche la tête.
— N’empêche… Un sirop majeur réussi vaut mieux qu’un miel majeur raté ! Marmonne la guêpe.
— A propos de sirop, je répète que c’est moi le premier qui ai vu le verre sur la table de la cuisine, murmure le frelon.
— Menteur ! C’est moi qui te l’ai montré ! S’exclame l’abeille.
Le ton monte devant le bourdon qui, criant et trépignant, tente en vain de rétablir le silence. Au paroxysme de l’énervement, il jette le grain de sucre par la fenêtre entrouverte, ce qui a pour effet immédiat de calmer ses élèves un bref instant. Mais bientôt, ils se précipitent dehors à la recherche du précieux grain sans plus se soucier de lui.
Dépité, le bourdon les regarde survoler avidement le jardin en se poussant, se bousculant et se disputant.
— Si tu n’avais pas fait d’histoire, nous serions en train de goûter à l’heure qu’il est ! Tempête le frelon.
— C’est toi qui a fait toute une histoire de ce verre de sirop que j’ai trouvé ! Riposte l’abeille.
— Vous êtes tous les deux d’une mauvaise foi confondante ! C’est moi qui ai parlé du sirop la première !
— Menteuse !
— Ce sirop m’appartient et je vais le boire !
Dans un bourdonnement rageur, ils entrent d’un bloc dans la maison et jouent des coudes jusqu’à la cuisine.
— Il n’y a plus de sirop !
Au fond du verre, le bourdon fredonne, les yeux mi-clos.
— Finalement, murmure-t-il d’une voix pâteuse, ce n’est pas si mal, la variété…

vendredi 8 juin 2012

Blattes (histoire de petites bêtes)


Deux jeunes blattes se prélassent sur le rebord d’un aquarium. Elles suivent du coin de l’œil l’évolution de deux nageurs qui, tout à leurs efforts, ne les ont pas remarquées.
— Qu’ils sont beaux ! Quelle musculature ! Murmure l’une d’elles. Tu les connais ?
— Je les ai déjà vus, mais seulement de loin.
— Viens, nous allons attirer leur attention !
La blatte se lève et commence à descendre lentement vers l’eau, en étirant ses longues pattes à chaque pas. Elle s’arrête un instant, lisse coquettement ses antennes, puis met une griffe dans l’eau pour faire quelques clapotis. Devant l’indifférence des nageurs, elle tape plus fort, éclaboussant son amie qui est restée à distance, prudente.
— Attention de ne pas glisser ! Crie celle-ci.
Sa compagne éclate de rire, perd l’équilibre et tombe dans l’eau.
— Je suis trempée ! Mes parents vont me passer un savon !
A cet instant, l’un des nageurs remonte à la surface et avance sa grande bouche vers elle. Elle n’a que le temps d’attraper la patte de son amie et de se hisser précipitamment sur le rebord de l’aquarium. Elle s’ébroue, reprend ses esprits et son souffle, remet en place ses élytres.
A quelques centimètres de là, le nageur l’observe sans rien dire. Ses gros yeux globuleux n’expriment aucune émotion, mais il continue à faire claquer sa bouche. La jeune blatte relève la tête avec dédain et lui lance :
— Un baiser dès le premier rendez-vous ? Pour qui me prenez-vous, Monsieur ?

dimanche 3 juin 2012

Moustiques (histoire de petites bêtes)



            A l’aube d’un jour de grande chaleur, deux amies moustiques se posent sur le rebord d’un arrosoir.
            — J’ai chanté trois berceuses, hier soir, raconte la première.
            — As-tu réussi à endormir la drôle de bête ?
            — Non, c’était impossible ! Plus je chantais, plus elle s’agitait. En désespoir de cause, je lui ai fait une piqûre pour tenter de la calmer. En vain ! Elle était tellement énervée qu’elle faisait de grands moulinets avec ses bras. J’ai dû battre en retraite, de peur qu’elle ne me blesse. Je suis une chanteuse, pas une catcheuse !
— Ces drôles de bêtes sont un public difficile : elles s’énervent pour un oui ou pour un non, et quand elles sont de bonne humeur, elles sont d’une maladresse ! Tiens, regarde !
Elle montre son aile un peu froissée. Son amie pousse un cri de compassion.
— Que s’est-il passé ?
— Hier soir, il faisait très chaud et les drôles de bêtes qui m’accueillaient peinaient à s’endormir. J’ai donc commencé à chanter et l’un des petits n’a pas tardé à m’applaudir.
— J’ai toujours dit que tu avais une voix magnifique !
— Puis, les drôles de bêtes ont voulu me voir et elles ont allumé toutes les lumières.
— La rançon du succès…
— Quand elles m’ont vue, la plus grande m’a éventée avec un journal en me suivant dans toute la pièce.
— Comme c’est gentil !
— Oui, mais tu connais la maladresse légendaire de ces bêtes, et celle-là ne faisait pas exception : elle a touché mon aile et j’ai dû me résoudre à me cacher pour éviter le pire. Comme je ne voulais pas vexer mon public, j’ai continué à chanter…
— Comme tu es généreuse ! Les drôles de bêtes ont dû apprécier…
— Tu parles ! Elles étaient vexées que je me cache ! Et pour se venger, elles ont vaporisé cette horreur de parfum citronné que je ne supporte pas !
— Oh ! Les ingrates !
— Oui ! Je suis partie sur le champ par la fenêtre. Et je peux te dire que je ne suis pas près de leur offrir un nouveau concert !


Vous êtes illustrateur et cette histoire vous inspire un dessin ? Envoyez-le moi par courriel, je le mettrai en ligne et vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "Beaux crayons".