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Amis lecteurs, je vous souhaite une agréable visite sur ce blog.
Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

Si vous êtes éditeur, je vous invite à visiter ma page de projets pour les enfants et ma page de projets pour les adultes.

Si vous êtes illustrateur et qu'une petite histoire plus ou moins vraie vous inspire un dessin, je serai heureuse de le mettre en ligne avec une présentation de vous sur ma page dédiée aux beaux crayons. Vous pouvez proposer une illustration pour n'importe quel texte.

vendredi 25 mai 2012

Une histoire d'ortie (histoire de petites bêtes)


« Il était une fois une ortie qui poussait dans un jardin.
Triste était l’ortie quand elle s’éveillait le matin.
Triste était l’ortie quand elle déployait ses feuilles ciselées.
Triste était l’ortie quand elle ouvrait ses petites fleurs blanches après y avoir versé une goutte de parfum délicat.
Triste était l’ortie qu’aucune main ne flattait jamais, qu’aucun vent, aucune pluie n’avait jamais nommée amie. »


Le rosier se tait et les deux fourmis essuient une larme.
— Que c’est triste !
— J’ai raconté cette histoire à la pluie pour la faire pleurer.
— Ce n’est pas très gentil de votre part, Monsieur le rosier.
— Je devais faire diversion : la drôle de plante qui déteste la pluie me menaçait avec un sécateur !
— Que s’est-il passé, ensuite ?
— Quand il a commencé à pleuvoir, la drôle de plante s’est mise à courir vers son abri en béton. Puis, elle a trébuché et s’est retrouvée la tête la première dans la grande ortie, là-bas.
— Aïe !
— C’est exactement ce qu’elle a dit. Ce qui signifie (vous le savez sans doute) « salut ! » en anglais.
— Voyons, Monsieur le rosier, elle s’est fait mal !
— Mais non ! J’étais aussi surpris que vous, mais elle a eu un comportement sans ambiguïté : elle s’est roulée par terre devant l’ortie de la même façon que Médor se roule par terre quand elle rentre le soir.
— Vous voulez dire qu’elle était… contente ?
— Oui. J’ai bien vu dans ses yeux l’enthousiasme des retrouvailles !
— Elle connaissait l’ortie ?
— Je mettrais mes fleurs à couper qu’il s’agit d’amies de longue date qui ne s’étaient pas vues depuis longtemps !
Les deux fourmis sont dubitatives.
— Vraiment ? Et pourquoi la drôle de plante n’est-elle plus auprès de son amie à présent ?
— Il vient juste de s’arrêter de pleuvoir : vous allez voir, elle ne va pas tarder à revenir.
— Vous avez raison : la voilà ! Quel est cet engin qu’elle pousse ?
— Un truc de fille, pour la coiffure. La pelouse en raffole, mais cela fait un bruit infernal !
Les deux fourmis se frottent les antennes, subjuguées.
— Que c’est bien, que c’est beau ! L’ortie a les feuilles bien dégagées, maintenant ! S’écrie l’une d’elles.
— Et si on allait voir la drôle de plante ? Propose l’autre. On pourrait lui demander de nous coiffer, nous aussi !
— Très bonne idée ! Crois-tu qu’elle va nous comprendre quand on va lui dire : « Aïe ! » ? Nous n’avons pas l’accent anglais, nous…
— Allons plutôt lui mordre le bout des branches : je suis sûre qu’elle nous saluera chaleureusement !



Vous êtes illustrateur et cette histoire vous inspire un dessin ? Envoyez-le moi par courriel, je le mettrai en ligne et vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "Beaux crayons".

vendredi 18 mai 2012

Un petit salut ! (histoire de petites bêtes)


— Tu entends quelque chose ?
— Attends, ce n’est pas très net…
L’éphémère dresse une antenne très droite au milieu de la petite assemblée attentive. En face de lui, le moustique vrombit d’impatience, tandis que la mouche tente en vain de le bâillonner avec son aile. La coccinelle les regarde d’un œil sévère.
— J’entends… beaucoup de choses !
La fourmi s’approche timidement, suivie par le mille-pattes. La deuxième antenne de l’éphémère se tend joyeusement tandis que l’insecte se met à sautiller dans tous les sens :
— Ça vient de France et d’ailleurs, ça vient de partout ! Crie-t-il, triomphal.
Il se fige soudain, avant de sautiller de plus belle :
— Coucou, les amis !
L’araignée sort d’un trou au-dessus de sa tête :
— A qui parle-t-il ?
— Aux lecteurs du blog, répond la coccinelle, visiblement émue. Ils sont nombreux, ils viennent de partout : nous avons une renommée internationale !
— Tu es sûr qu’il n’est pas branché sur la radio ? Se moque l’araignée.
— Mes antennes sont très efficaces ! Réplique l’éphémère. Je peux même te dire qu’il y a quelqu’un qui vient de… Guten Tag !
Le mille-pattes demande discrètement à la fourmi : « C’est où, ça ? »
La fourmi rougit et se tourne vers le moustique, qui hausse les épaules en interrogeant la coccinelle du regard.
— Il faut demander au cherche-midi, il sait tout ! Décide la coccinelle.
La mouche part à toute vitesse par la fenêtre. Quelques minutes plus tard, le cherche-midi rejoint la petite assemblée.
— Quelqu’un qui vous dit « Guten Tag » vous salue en allemand.
— Ho ! J’entends quelqu’un me dire « hello » !
— Ce qui signifie « bonjour » en anglais.
— On parle toutes les langues à la radio ! Lance l’araignée, sarcastique.
— Ce n’est pas la radio, gronde l’éphémère. Et d’ailleurs, mes antennes sont si puissantes que j’ai malencontreusement perçu une conversation privée.
— Ah oui ? Et peut-on savoir ce que dit cette conversation privée ?
— Je ne sais pas. On m’a dit : « Privet ! », alors je n’insiste pas.
Le cherche-midi explique en souriant :
— Cela veut dire « Salut ! » en russe.
L’araignée éclate de rire tandis que les insectes, tout à leur enthousiasme, ne font plus attention à elle.
— On nous lit en Amérique, en Europe et en Russie ?
— Et si on branchait la webcam pour saluer tous nos lecteurs ?
— Oui ! Oui !
— Vous avez vu l’allure que vous avez ? Ricane l’araignée. Vous allez faire fuir tout le monde…
— Quelle casse-pattes, celle-là ! S’écrit le mille-pattes.
— Je peux arranger les choses : pour commencer, je peux tricoter un beau costume à l’éphémère. Un long, très long costume bien ajusté, entièrement fait maison. Viens donc plus près, petit éphémère, que je prenne tes mesures !
— Oui ! Oui ! S’exclame l’éphémère en bondissant de joie.
La coccinelle le retient par l’aile :
— Non, pas de chichis ! Laissons tomber la webcam et saluons nos amis du monde entier par le clavier, comme d’habitude !
— Topette ! Crie le moustique dans l’antenne de l’éphémère.
L’araignée descend d’un trait jusqu’à l’autre antenne. Tout le monde retient son souffle tandis qu’elle ouvre une large bouche.
Hasta la vista, Baby… Articule-t-elle avant de remonter.

 
NdA : Merci à Mélody et à Delphine pour avoir respectivement suggéré le salut angevin « topette » et l’indémodable : « Hasta la vista, Baby » !


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mercredi 9 mai 2012

Drosophiles (histoire de petites bêtes)



— Vous avez vu, les filles ? Je crois qu’on tient un bon filon. Regardez-la, celle-là ! Je mettrais ma patte à couper qu’elle est du genre à oublier un oignon dans un placard.
Lieutenante Droso part en éclaireuse.
— Capitaine, ce n’est pas un oignon, mais un filet d’oignons qu’elle a oublié dans le placard !
C’est la bousculade bourdonnante vers le placard. Ensuite, tout le monde s’organise. Les drosophiles creusent, ouvrent des fenêtres sur les galeries, s’installent, se dorlotent, prennent un bon temps de drosophile, puis font mine de s’offusquer quand leur belle cité atterrit finalement à la poubelle.
Capitaine Droso rassemble ses troupes au plafond, au milieu de la nuit.
— Je mettrais ma patte à couper qu’elle a oublié un citron au fond du compotier.
Lieutenante Droso part en éclaireuse.

Et caetera…

jeudi 3 mai 2012

Virus (histoire de petites bêtes)


Illustration tous droits réservés à Delphine Berger-Cornuel

 — Je me sens bizarre, aujourd’hui.
— Moi aussi. J’ai les spicules tout ramollis. Aaaaaaaatchoum ! On n’aurait jamais dû sortir avec Rhino, hier soir. Il est fourbe : je suis sûr qu’il a mis quelque chose dans nos verres !
— Ca sent les médicaments, par ici.
— Nom d’un petit virus, nous sommes chez le médecin !
— Je crois qu’il n’y a plus rien à tirer de notre humaine. Je vais bientôt migrer chez son voisin.
— Chez son voisin ? Pourquoi toi ? C’est moi qui l’ai vu le premier ! Je viendrai avec toi !
— Pas question : c’est un gringalet et il a déjà une sinusite. On a dit qu’on ne serait pas trop méchants, cette année.
— Tu te réserves toujours les meilleures places !
— Chut, le médecin parle !
— Aaaaaaaaaaatchoum ! Qu’est-ce qu’il a dit ?
— Il a dit que l’humaine avait une ga… une ga… ?
— Une galipette ?
— Non, voyons ! Une gas… une gasté… ?
— Une gastéropode ?
Les deux virus se regardent en silence, paniqués.
— Voilà pourquoi je me sens tout mou, tout flasque, tout… baveux !
— C’est la poisse !
— Je t’avais bien dit qu’il ne fallait pas loger chez cette humaine-là ! Dès le début, on pouvait deviner à sa tête qu’elle allait nous faire un coup pendable ! Elle ne pouvait pas se contenter d’être malade grâce à nous, il fallait qu’elle nous contamine avec son… sa gastéropodie !... Tu n’as pas mal au dos ? J’ai une douleur, ici, au milieu, comme si… comme si une coquille était en train de percer !
— Mais non !
— Regarde, là, sur mon front ! Tu ne vois rien ? Je sens comme deux cornes qui poussent !
— Du calme ! Il y a une solution…
— Dis, dis vite !
— Les médicaments…
Les deux virus se considèrent d’un œil grave.
— Se laisser traiter comme de vulgaires bactéries… quel déshonneur ! On n’en parlera jamais à personne, n’est-ce pas ?
— Jamais !
— Nous serons liés par un secret éternel et nous resterons ensemble pour toujours !
— Où veux-tu en venir ?
— Je t’accompagnerai chez le voisin.