— Tu entends quelque
chose ?
— Attends, ce n’est
pas très net…
L’éphémère
dresse une antenne très droite au milieu de la petite assemblée attentive. En
face de lui, le moustique vrombit d’impatience, tandis que la mouche tente en
vain de le bâillonner avec son aile. La coccinelle les regarde d’un œil sévère.
— J’entends… beaucoup
de choses !
La
fourmi s’approche timidement, suivie par le mille-pattes. La deuxième antenne
de l’éphémère se tend joyeusement tandis que l’insecte se met à sautiller dans
tous les sens :
— Ça vient de France et d’ailleurs, ça vient de partout ! Crie-t-il, triomphal.
Il
se fige soudain, avant de sautiller de plus belle :
—
Coucou, les amis !
L’araignée
sort d’un trou au-dessus de sa tête :
—
A qui parle-t-il ?
—
Aux lecteurs du blog, répond la coccinelle, visiblement émue. Ils sont
nombreux, ils viennent de partout : nous avons une renommée internationale !
—
Tu es sûr qu’il n’est pas branché sur la radio ? Se moque l’araignée.
—
Mes antennes sont très efficaces ! Réplique l’éphémère. Je peux même te
dire qu’il y a quelqu’un qui vient de… Guten Tag !
Le
mille-pattes demande discrètement à la fourmi : « C’est où,
ça ? »
La
fourmi rougit et se tourne vers le moustique, qui hausse les épaules en
interrogeant la coccinelle du regard.
—
Il faut demander au cherche-midi, il sait tout ! Décide la coccinelle.
La
mouche part à toute vitesse par la fenêtre. Quelques minutes plus tard, le
cherche-midi rejoint la petite assemblée.
—
Quelqu’un qui vous dit « Guten Tag » vous salue en allemand.
—
Ho ! J’entends quelqu’un me dire « hello » !
—
Ce qui signifie « bonjour » en anglais.
—
On parle toutes les langues à la radio ! Lance l’araignée, sarcastique.
—
Ce n’est pas la radio, gronde l’éphémère. Et d’ailleurs, mes antennes sont si
puissantes que j’ai malencontreusement perçu une conversation privée.
— Ah oui ? Et peut-on savoir ce que dit cette conversation privée ?
—
Je ne sais pas. On m’a dit : « Privet ! », alors
je n’insiste pas.
Le
cherche-midi explique en souriant :
—
Cela veut dire « Salut ! » en russe.
L’araignée
éclate de rire tandis que les insectes, tout à leur enthousiasme, ne font plus
attention à elle.
—
On nous lit en Amérique, en Europe et en Russie ?
—
Et si on branchait la webcam pour saluer tous nos lecteurs ?
—
Oui ! Oui !
—
Vous avez vu l’allure que vous avez ? Ricane l’araignée. Vous allez faire
fuir tout le monde…
—
Quelle casse-pattes, celle-là ! S’écrit le mille-pattes.
—
Je peux arranger les choses : pour commencer, je peux tricoter un beau
costume à l’éphémère. Un long, très long costume bien ajusté, entièrement fait
maison. Viens donc plus près, petit éphémère, que je prenne tes mesures !
—
Oui ! Oui ! S’exclame l’éphémère en bondissant de joie.
La
coccinelle le retient par l’aile :
—
Non, pas de chichis ! Laissons tomber la webcam et saluons nos amis du monde
entier par le clavier, comme d’habitude !
—
Topette ! Crie le moustique dans l’antenne de l’éphémère.
L’araignée
descend d’un trait jusqu’à l’autre antenne. Tout le monde retient son souffle
tandis qu’elle ouvre une large bouche.
—
Hasta la vista, Baby… Articule-t-elle
avant de remonter.
NdA : Merci à Mélody et à
Delphine pour avoir respectivement suggéré le salut angevin
« topette » et l’indémodable : « Hasta la vista,
Baby » !
Vous êtes illustrateur et cette histoire vous inspire un dessin ? Envoyez-le moi par courriel, je le mettrai en ligne et vous laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "Beaux crayons".
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